J’entends énormément de palabres autour de ces 3 mots. Je ne parle volontairement pas de concepts car ces 3 n’en sont pas puisqu’ils représentent, ils incarnent oserais-je écrire, le principe même de la vie.
Les mots qui voudraient définir ces 3 notions ne seraient alors que des prisons qui les enferment.
Peut-on enfermer la Vie dans des mots…
Trop de théorie autour de ces mots serait comme écrire ou lire un traité de natation sans jamais avoir sauter à l’eau et avoir senti, ressenti l’élément dont il est question.
Je serai donc bref et flou volontairement pour laisser une porte ouverte. Sans trop faire, de mes mots, une prison verbieuse.
Je reviendrai aussi aux mots japonais Sei, Ki et Shin, plutôt que les mots chinois, jing, qi, shen, le shiatsu étant et restant un art japonais…
Ki (Qi)
Quoi?
Il est aussi facile de définir cette notion que de définir le Tao, la Voie. Plus on tente de les définir, plus on s’en éloigne.
Pourtant, les Occidentaux que nous sommes veulent comprendre et mettre des mots. Normal. On en oublie même que les idéogramme ne sont pas des mots mais une retranscription visuelle de notions abstraites. Limiter un idéogramme à un mot serait risible.
Donc, ne pouvant pas être limité à un seul mot. Ki (ou Qi) se voit trop souvent enfermé dans un mot, “énergie”. Certains veulent même l’enfermer derrière l’aiguille du galvanomètre, objet ô tout puissant car il croit objectiver l’invisible à nos yeux.
A revenir aux idéogrammes (oui, il y en a plus d’un et je vous invite ici à lire les articles de Stéphane Cuypers ou lui poser vos questions) et à prendre un peu de temps pour caresser l’abstraction, nous y percevons le mouvement de la Vie, rien que ça!
Le Ki est la sensation subtile qui naît sous vos doigts, dans vos mains, dans vos corps, à leur surface autant que leur profondeur.
Le Ki se se définit pas, il se vit, s’expérimente.
Shin (shen)
Y a-t-il un pilote dans l’avion?
Avez-vous déjà tenté de définir clairement et de façon concise le ciel?
Huuum, me direz-vous, de quoi voulez-vous parler? Qu’entendez-vous par “ciel”?
C’est justement cela… le point de vue change tout ou presque. Définir “le” ciel est aussi vaste que lui-même. Il y a plusieurs ciel en fonction de ce que nous pointons.
Pareil pour Shen, ça dépend du point de vue, de la situation, du moment.
Pour simplifier, dans le cas qui nous occupe, la pratique du shiatsu et la relation à la personne, je pourrais le définir comme l’esprit incarné, l’âme sans entrer dans des considérations religieuses.
Ce Shin donnera sa clarté au shin.
Ah, jusque-là une forme de clarté semblait se faire et pourtant je n’y mets aucun jeu de mots.
Voyons Shen comme le pilote de l’avion et shen sa clarté d’esprit pour naviguer dans ces eaux troubles.
Sei (Jing)
C’est l’avion.
On pourrait parler du véhicule, de la matière. Nous, par exemple, ce serait notre notre corps mais pas que…
Le corps est le résultat de la rencontre de 2 êtres à un moment donné, à un endroit donné (notion liée aussi au kharma). Nos corps sont donc le résultat de cette équation. Ils sont les outils qui nous permettent de bouger et d’expérimenter à travers ses propres possibilités.
Chaque règne, chaque espèce offre des potentialités d’expériences diverses puisque chaque véhicule est différent dans sa forme, dans ses ressentis, dans ses possibilités d’agir. Que l’on soit oiseau, poisson, insecte, plante, arbre, etc chaque véhicule propose une palette d’expériences possibles (points de débats vains, les récentes recherches scientifiques mettent en évidence une forme de conscience et d’intelligence dans chaque règne).
Le trio, c’est la vie
Une phrase qui pourrait être récurrente chez Odo shiatsu. 🙂
De la rencontre de 2 Shin et la fusion de 2 sei jaillit l’étincelle de vie qui crée un nouvel être (je ne m’étendrai pas ici, c’est un vaste domaine, notamment celui des vaisseaux merveilleux).
Pourtant, ces 3 sont un et insécables…
Cela vous parait flou?
C’est bien. Les principes de la vie ne peuvent être clairs et exhaustifs. Tout est en relation et interagit tout le temps. Le flou invite chacun à ressentir, à laisser résonner ces concepts au fond de soit, c’est le Shenqui résonne.
Rappelez-vous ces images couchées sur une feuille de papier qui nous demandent de loucher, de perdre de vue le motif, de laisser le flou s’installer puis surgit une image en relief. De 2 dimensions, nous en percevons une troisième.
Laissez donc ce flou trouver son chemin et percoler dans votre être. Un flou mental accepté qui laisse percevoir une nouvelle dimension.
Vous sentez-vous Shin (shen) venu expérimenter la vie grâce à votre sei (jing)?
Un esprit qui expérimente la matière?
Nous sommes alors ici pour expérimenter à travers le corps qui nous est prêté. Ses éventuels déséquilibres ou inégalités nous invitent à prendre un point de vue particulier qui oriente les apprentissages.
Pratique:
Asseyez-vous ou allongez-vous, laissez le corps se détendre.
Sentez son entièreté et toutes ses parties.
Où êtes-vous dans ce corps?
Imaginez que l’on vous enlève vos jambes, êtes-vous encore là ?
Imaginez que vos bras aussi sont enlevés, êtes-vous encore là?
Où êtes-vous dans ce tronc?
Si on vous enlèves le bassin, le sexe, êtes-vous toujours là?
Ne laissez pas votre mental vous dire que vous avez besoin physiologiquement de tel ou tel membre ou organe. Demandez-vous où vous êtes, qui est vous dans ce corps.
Continuez jusqu’à la dernière partie dans laquelle vous pensez être.
Laissez-la se dissoudre. Permettez à votre corps-matière de se dissoudre dans l’espace.
Et vous êtes toujours là.
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