Vous êtes-vous déjà posé la question de quel est le sens le plus important chez l’humain ?
Le plus développé ou celui dont vous ne pourrez vous passer ?
La vue ? L’ouie ? L’odorat ? Le goût ?
Quelle drôle de question, pensez-vous peut-être. Elle fut pour moi centrale pendant la pandémie de Covid-19 lors de laquelle les pratiques du toucher étaient classées comme « non-essentielles ».
Cette classification m’a assez vite indisposé, me demandant s’ils y en avaient qui connaissaient encore les terribles expériences en psychologie des années ´50. Une qui m’a le plus interpellée est celle du professeur Harlow, psychologue américain, qui avait retiré des bébés singes à leur mère pour les mettre dans des cages isolées avec 2 substituts maternels. Des formes en fils de fer qui avaient une vague forme de la maman singe, une en fils de fer nus, l’autre recouvert d’un tissu doux. L’expérience marquante est celle où la poupée en fil de fer distribuait le lait mais quand ils étaient effrayés, les bébés se réfugiaient dans celle en tissu doux pour se blottir. En parallèle des résultats sur la théorie de l’attachement, il en découla que le toucher est essentiel pour un développement psycho-émotionnel harmonieux.
Sous cet éclairage, vous allez peut-être vous souvenir de toute une série de sensations? Une plume sur le bras, le vent sur le visage, une douche chaude, la texture d’un tronc d’arbre, un biscuit qui croque dans la bouche, etc..
Mais revenons à nos organes des sens. A y regarder de plus près, le plus grand organe sensoriel que nous avons est notre peau. Cette peau, membrane-frontière, qui informe l’intérieur de ce qui se passe dehors pour favoriser la meilleure adaptation au milieu. Elle fonce s’il y a du soleil, elle s’humidifie quand il fait chaud, elle se resserre dans le froid. Si je la vois comme organe frontière entre l’intérieur et l’extérieur, on peut y ajouter tout ce qui recouvre les voies respiratoires et la paroi intestinale. Bref, tout ce qui interagit dans la séparation et les échanges intérieur-extérieur.
Quand une personne de notre entourage a besoin de soutien, une main sur l’épaule fait ressentir la présence. Une embrassade, un hug permet souvent de faire descendre la pression. Une main sur un bras, une caresse sur le visage ou dans les cheveux permet de faire revenir ici et maintenant.
Au-delà des gestes amoureux, la sensation du toucher fait revenir à l’instant essentiel d’être. Cette sensation invite au retour à soi, au relâchement, à la prise ou reprise de conscience de soi par le corps. Et nous avons besoin de ce toucher essentiel.
Pour moi, le shiatsu porte en lui cette part d’essentiel. Au-delà des symptômes sur lesquels il est possible d’agir, la première chose qui compte le plus est la façon dont une main se pose. Bien plus qu’un corps, c’est la personne en entier qui est touchée à travers ce corps. Les praticien(ne)s de shiatsu connaissent cet art de l’essentiel: revenir au corps-esprit et prendre soin du moment et de l’être. Il n’est plus question de divergence entre bien-être et thérapeutique: le simple retour au moment et à soi est source de lâcher prise dans ce moment-promesse.
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