On dit de quelqu’un de plutôt athlétique qu’il est ‘bien bâti’. C’est quelqu’un qui dégage une impression de solidité, une prestance, une présence… L’image est celle d’un bâtiment posé sur de saines fondations.

A l’opposé, on parlera irrévérencieusement des ‘mal foutus’, ce qui sous-entend plutôt un bug au moment de la conception, qui a résulté en une construction peu convaincante, aux yeux de certains du moins.

Dans la conception orientale, l’énergie vitale innée provient des parents et nous en avons une quantité fixe à disposition. Un capital de départ, en quelque sorte. Mais, en matière d’hérédité, nous ne naissons pas égaux. Le secret de la longévité consiste par conséquent à bien gérer sur le long terme le capital hérité à la naissance. Certains pourront tout se permettre immodérément et d’autres devront faire attention, se reposer plus souvent et se ménager.

La première chose consiste à bien vous connaître et écouter votre corps attentivement. Savoir ce qui vous fait du bien et ce qui ne vous en fait pas, quels excès vous pouvez vous permettre et à quelle fréquence. Ou si vous ne pouvez jamais vous en permettre et mener une vie d’austérité. En la matière, les donneurs de conseils sont légion et se contredisent allègrement. Je vous inviterais plutôt à renouer avec votre ressenti intime et à écouter en priorité votre corps. Il sait, et vous le fait sentir.

 

Sur cette fondation, ce socle hérité par hérédité, on peut construire quelqu’un qui ressemble à un triangle ou une pyramide (en 3D), avec une base bien stable et une forme qui s’élève bien verticalement vers le Ciel. Cette image s’applique précisément à l’être humain, c’est-à-dire qu’en bas (au niveau du bas-ventre), il importe d’avoir une base bien solide, et en haut (au niveau du plexus solaire) une pointe plus finé et légère, qui permet un élan.

Monsieur Itsuo Tsuda (dans ses livres ‘L’ecole de la respiration’) nous dit  ‘l’homme naturel est un triangle reposant sur une base avec un sommet en haut. Il est stable sans être rigide et récupère très vite son équilibre biologique’.

Cela se constate au travers de 3 points à presser sur la ligne centrale du ventre.

  • Le point sur le plexus doit être détendu, il correspond notamment aux émotions.
  • Le point sur le milieu du ventre, au-dessus du nombril, doit être neutre, ni tendu, ni relâché. Il correspond aux organes digestifs.
  • Le point sur le bas-ventre doit être ferme. Il correspond à l’énergie vitale et sexuelle.

Or, nous dit M. Tsuda, le triangle est très souvent sur sa pointe et manque donc de stabilité. Il n’y a pas d’énergie en bas et trop de tensions en haut.

Sentez votre ventre : avez-vous une sensation ferme et solide sous votre nombril ? Les doigts s’enfoncent-ils facilement au niveau du plexus ? Ou bien votre plexus et le milieu de votre ventre sont-ils tendus comme une corde ? Vos mains s’enfoncent dans un bas-ventre creux et mou ?

 

Attention que ces sensations ne sont pas musculaires. Les ‘barres de chocolat’ que vous pourriez développer en musculation ne compensent pas les déséquilibres énergétiques.

M. Tsuda constatait dans les sixties /seventies déjà que l’homme ‘civilisé’ (c.-à-d. occidental) fonctionne avec un triangle sur la pointe, instable : pas d’énergie à la base et beaucoup trop de charge au sommet. Il n’y a donc pas d’équilibre. Cette position est intenable et la vie est compliquée.

Aujourd’hui, une cinquantaine d’années plus tard, je constate en séance que la situation ne s’est pas améliorée.

Il y a beaucoup de choses détectables derrière chaque point et chaque personne est différente, mais globalement, on peut dire ceci.

Le plexus est souvent durci et très tendu (parfois au bord de ‘l’explosion’), ce qui indique, notamment, beaucoup de stress, d’émotions rentrées, de contrariétés, de choses non-exprimées, de visions déformées de la réalité (voir le monde comme on pense qu’il est).

Le milieu du ventre est souvent marqué par une pulsation très palpable, ce qui indique une grande tension, parfois des perturbations dans le fonctionnement du ventre, un encombrement, des difficultés à entreprendre…

Le bas-ventre, sous le nombril, montre souvent un manque d’énergie, ce qui indique une grande fatigue, un manque de vitalité (y compris sexuelle), une incapacité à récupérer et est parfois compensé par une fausse sûreté de soi. Ce point doit rebondir quand on y exerce une pression et en faiblesse, littéralement, il y a incapacité à rebondir dans les situations de la vie.

Dans le langage populaire, ne disait-on pas de quelqu’un sans grand courage ‘un ventre mou’ ?

La direction générale du travail en Shiatsu sera alors : nourrir ce qui doit l’être, détendre ce qui en a besoin. On rebâtit en effet toujours de bas en haut.

Le travail sur la zone du ventre et des lombes viendra aider puissamment, ainsi que l’amélioration de la circulation et l’élimination des blocages sur des méridiens comme les Reins, le Foie, la Vésicule Biliaire, l’Estomac, les Poumons…

Vous pouvez bien sûr toujours venir pour un problème ponctuel, mais la solution ne sera vraiment efficace que sur un terrain favorable, ‘soutenant’. Souvenez-vous de la parabole biblique de la maison bâtie sur le roc, par opposition à celle bâtie sur le sable.

Comment vous voyez-vous et comment vous sentez-vous sur votre ligne de vie ? C’est la première question à vous poser.